Poétique comme onirique, le travail de Gabrielle Manglou nous invite à
une phantasmagorie colorée aux images mouvementées, un travelling
avant/arrière permanent sur l’univers et ses composantes. D’apparitions
en disparitions, elle projette spectres et fantômes, ombres
démultipliées sur la toile de nos rétines avec Voler dans les plumes, Tèt Kaf ou encore puis-je atteindre la hauteur des girafes,
trois dessins d’une série de 5 grands formats.
Tout comme les contes de notre enfance, elle convoque le passé, mythes
et croyances, démons et rêves et réactive les souvenirs de nos mémoires
: elle explore les mystères des paradis perdus quand les bêtes
parlaient, alter ego
des hommes.
Avec une sensibilité lumineuse, ses œuvres nous invitent à une
rencontre. Si les êtres y sont fragiles, tendus et douloureux, ils sont
aussi drôles et satiriques, impudiques, insolents. Souvent masqués, ils
donnent à voir sans être vus. Ils nous révèlent à nos propres pudeurs,
nos errances et nos peurs comme à nos incertitudes, dans cette présence
au monde, à l’autre.
Gabrielle Manglou dessine et peint ce qu’elle ressent et non pas ce
qu’elle voit. Elle travaille “l’esprit dilaté”, et, avec une belle
éloquence, porte une attention sensible aux êtres, aux choses, à la
nature. Elle nous ouvre à la communication (du latin communicare
: mettre en commun) avec générosité et liberté. Ce n’est pas de l’ordre
de la méditation, c’est de l’ordre du vivant, de l’abondance, de
l’échange, de la perception. Elle nous met en lien avec l’univers dans
sa plus petite singularité comme dans sa plus grande force.
Il n’y a pas de morale à ses propositions. Elle est en recherche
d’harmonie. Elle n’est dupe de rien. Elle honore la
vie. Bb, mai 2008
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